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la caisse noire

2. Les secrets de la Caisse Noire 
 
Document de Honorable Sindayigaya Jean Marie le 06/02/2003 
 
Certains parlent de la Caisse Noire de la Sûreté sans réellement pas savoir de quoi ils parlent. La Caisse Noire de la Sûreté burundaise mérite vraiment ce nom. C’est une Caisse vraiment Noire parce que personne n’a le droit d’aller voir ce qu’il y a dedans. C’est ce qu’on appelle en kirundi « umusururu wazize urumuri ».  
 
Même ceux qui gèrent cette Caisse ne savent généralement pas combien d’argent transite réellement dedans. C’est le seul service qui n’a pas besoin de comptabilité. La comptabilité est nécessaire là où on doit gérer des ressources limitées et surtout où on doit rendre des comptes. C’est un service qui a comme unique vocation : dépenser pour veiller sur le pouvoir d’un seul individu. Son efficacité est inversement proportionnelle aux sommes dépensées.  
 
Cette Sûreté a eu pour unique tâche durant des années de surveiller le PALIPEHUTU et les « BAGAZISTES ». Ne lisez pas « BAGAJISTES » comme le ferait quelqu’un de Buhonga. Elle n’est parvenue à surveiller ni l’un ni l’autre. Le Colonel NDABANEZE, ancien patron de la Sûreté détenu à Ruyigi a brûlé la politesse à son successeur et il est parti tranquillement en Ouganda. Et ce PALIPEHUTU que la Sûreté voyait omniprésente n’a pas pu intercepter NDABANEZE qui traversa les contrées supposées être son fief.  
 
A la Sûreté version Colonel NIYONKURU il y avait trois tiroirs d’argent : le compte en banque officiel ; le coffre-fort du trésorier de la maison et le coffre-fort situé directement dans le Bureau de l’Administrateur Général. Voici comment fonctionne cette triple mamelle. Sur le compte on tire des chèques qui viennent alimenter les deux coffres des bureaux. De ces caisses on tire alors les « frais de renseignements » réguliers ou alors occasionnels avec l’accord de l’Administrateur Général. 
 
A portée de la main dans son bureau se trouve le coffre de l’Administrateur Général. Lequel coffre contenait en permanence plusieurs millions de FBU et quelques milliers de dollars. Lors du putsch du 21 octobre 1993, NIYONKURU et ses amis n’ont pas oublié d’aller voir si leurs successeurs avaient respecté la tradition, celle de conserver des liasses et des dollars dans ce coffre situé dans le bureau de l’Administrateur Général. Je ne sais avec quoi ils s’y sont pris car ils ont forcé le coffre. On a retrouvé le coffre béant et la porte était pliée. Et croyez-moi cette porte du coffre n’était pas faite en bois ! Ainsi, pour que quelques voleurs gardent la main dans la caisse voilà dans quelle situation ils ont plongé un pays de six millions de personnes.  
 
Quelles étaient les privilèges du patron de la Sûreté ? Ils étaient des plus étendus. Non seulement il pouvait arrêter et mettre au frais qui bon lui semble mais aussi et surtout il ignorait les fins de mois difficiles comme le commun des mortels de Bujumbura. Supposez que l’Administrateur Général ait besoin de prendre cinq millions pour aller compléter la somme destinée à s’acheter une maison. Il n’y a rien de plus facile. Il suffit d’abord d’identifier une situation grave exigeant un déploiement de moyens humains et financiers étendus. Et quand il n’y en a pas il faut la créer. Le Patron convoque alors six personnes qu’il charge de mission. Et remets à chacun 100000 FBU par exemple. Et tous les cadres qui ont transité dans cette maison savent qu’ils avaient juste à signer pour acquit. Et le 100000FBU était plutôt écrit uniquement en chiffres comme suit 100000 FBU avec un petit espace innocent entre le dernier zéro et le FBU. En ajoutant un zéro derrière, le patron avait un document comme quoi il a décaissé 6.000.000 alors que ses sous-fifres n’ont perçu que 600.000FBU contre plus de 5 Millions partis dans ses poches.  
 
Certains n’ont jamais compris pourquoi l’Administrateur Général NIYONKURU et le Ministre de l’Intérieur NGEZE avaient de si bonnes relations. NIYONKURU allait jusqu’à se donner la peine d’aller voir NGEZE à son bureau. Parce que certains Gouverneurs très fumistes envoyaient des rapports comme quoi ils auraient vu les PALIPEHUTU ici ou là à Cibitoke ou dans Bujumbura rural prêts à mener des attaques. L’un de ces Gouverneurs farfelus était Rémy NTIBAGIRIMVO qui remplaça NGEZE dans Bujumbura rural avant les élections de 1993. Lui-même ancien membre du PALIPEHUTU, il mettait dans ses rapports qu’il avait des indications sur des mouvements d’activistes du PALIPEHUTU se trouvant à l’est de l’ancien Zaïre( Sange, Ruvunge, Mwegera et même dans les montagnes des Banyamulenge) et s’apprêtant à attaquer. C’était autant d’aubaines pour le patron de la Sûreté qui en profitait pour organiser une de ces missions de grande envergure justifiant un appel de fonds sans précédent. Sur lesquels il y avait moyen de prélever quelques millions.  
 
Alors que le commun des Tutsi tremblait en entendant l’approche d’attaques ou d’invasions du PALIPEHUTU, d’autres se frottaient les mains en imaginant déjà combien de millions ils allaient mettre dans leurs poches. Je n’invente rien puisque avant de fermer l’article je vous donnerai un dernier exemple à la fois concret et assez récent. Vous comprenez bien que pour des missions d’une telle importance, l’argent était la seule chose qui ne pouvait pas manquer. Savez-vous comment on faisait quand le niveau de billets commençait à baisser au royaume de la Caisse Noire ? A votre avis ! 
 
J’ai bien dit que depuis la tragédie de Ntega et Marangara la Sûreté était le service de la République jouissant de la priorité absolue. L’une des sources de fonds était les Ministères gérés par des Hutu. L’Administrateur Général en convoquait un pour lui délivrer un petit speech du genre: « Cher ami, vous êtes un Ministre très compétent et très apprécié au sein du Gouvernement. Sur le budget annuel de votre Ministère il y a encore beaucoup d’argent non dépensé. En tant que patriote il faut que vous cédiez trente millions à la Sûreté nationale pour des missions urgents ». Vous pensez bien qu’un Ministre hutu ne demandait pas en quoi consistaient ces missions. Surtout qu’en entrant dans les locaux de la Sûreté il croyait qu’on voulait l’arrêter. L’un des anciens Ministres hutu qui,a subi cette ponction à deux reprises s’y reconnaîtra. Et comme ce n’est pas sur son argent de poche qu’on prélevait, il s’est fait un plaisir d’aider la Sûreté. Devenant du coup et en échange des services rendus, inamovible dans son Ministère.  
 
3. Avant les hélicos il y eut la malaria et les accidents de voiture 
 
Beaucoup de mes pauvres compatriotes s’imaginent que les ennuis des adversaires ou ennemis du Major Président ont commencé avec les hélicos. Relisez plus attentivement l’Histoire depuis 1990 et vous découvrirez si c’était rien que des mots que de parler d’un Hexagone tout puissant qui a même droit de vie et de mort sur les Burundais.  
 
Commençons par l’année 1990. Voyez vous-même si la succession des faits ci-après est le fruit du hasard. Le 28 avril 1990, le dictateur MOBUTU surprend tout le monde en déclarant en direct sur la « Voix du Zaïre » qu’il dit oui au multipartisme. Lui qui avait toujours répété que de son vivant il n’y aurait jamais de multipartisme au Zaïre. Le 5 juillet 1990, l’autre dictateur voisin HABYALIMANA annonce que l’avènement du multipartisme n’est plus qu’une question de semaines ou de mois et lance une commission pour étudier les modalités de son instauration. Notre champion de l’unité, le Major Président, s’est retrouvé tout seul à officier un parti unique. Voici alors une suite des événements fort curieuse. Du 17 au 20 août 1990, soit en moins d’une semaine il y eut coup sur coup : mort d’un « accident de voiture » à Kigali de l’opposant hutu BUYAGU ; mort « de malaria » en Tanzanie du fondateur du PALIPEHUTU Rémy GAHUTU ; attaque du camp de Mabanda. Et fin décembre 1990 il y eut la tenue du Congrès Elargi de l’UPRONA ou furent invités des « représentants désignés » des réfugiés. 
 
Si cette chronologie est l’oeuvre du hasard, il faut bien avouer que le hasard est bien malicieux et sait nettoyer l’assiette sur laquelle mange le Major Président. Avant de poursuivre sachez qu’à l’époque où BUYAGU mourut à Kigali, les accidents de la route y étaient devenus très meurtriers pour les personnes gênant le régime du Général Président entendez par là feu Général HABYALIMANA. Et en août 1990 c’est un agitateur contre le régime du Major Président qui en faisait les frais.  
 
Mais sachez aussi que avant la mort de Rémy GAHUTU, un grand Conseiller du Major Président s’est rendu plusieurs fois à Dar Es Salaam, probablement pour faire du tourisme. Mais d’habitude les touristes qui vont en Tanzanie partent vers Arusha et le Kilimandjaro et ensuite les parcs animaliers. Lui faisait un tourisme d’un genre très particulier. Toujours est-il que, après la mort de Rémy GAHUTU, il n’y est plus retourné. Il est vrai que après il a eu le droit de partir loin faire du vrai tourisme tout en continuant à prêter main forte au Major Président. Je ne sais pas si l’intéressé, qui se croit être le Burundais le plus intelligent, sait que d’autres que lui sont au courant de son expédition. 
 
Dans un autre article, je vous avais déjà parlé de cette curieuse attaque du camp de MABANDA. Pour ceux qui ne connaissent pas la région ce camp est trop bien situé pour ceux qui doivent le défendre et très mal situé pour tous ceux qui voudraient l’attaquer. En kirundi on dirait que « iri mu bugaragwa ». Mais il est vrai aussi que ce camp était inachevé et n’était pas encore le 6ème Bn Cdos qu’il est devenu par la suite.  
 
Ce qui est plus curieux est le panache et la publicité qu’on donna à cette affaire. C’est bien plus tard que je compris pourquoi on avait tenu à ce que tous les Burundais sachent que de redoutables maquisards avaient attaqué ce camp. Je n’en crus pas à mes oreilles quand le Commandant du camp MABANDA en personne déclara sur les ondes que ces maquisards étaient d’excellents combattants. Et effectivement ils l’étaient mais ils ont également eu droit à une grande publicité. Il est aussi vrai que l’un d’entre eux a passé plusieurs jours à canarder ses poursuivants à l’aide d’une mitrailleuse. Savez-vous qui l’a délogé ? Je vous le donne en mille. Un certain...BIKOMAGU venu à la tête d’un commando spécial dépêché de Bujumbura. 
 
Quelque chose m’a semblé ne pas tourner rond dans cette affaire. Après un tapage assourdissant, ce fut le black out total. Et si mes souvenirs sont bons le Commandant du camp a été envoyé aux études. Non pas pour apprendre à se battre mais pour apprendre à se taire et à parler uniquement quand on le lui demande. Parce qu’il avait continué à commenter la brève mésaventure de son camp.  
 
Bien des gens y ont trouvé leur compte. Un nouveau Parrain de l’armée venait de naître avec cette attaque. Il s’agit de BIKOMAGU. Autant que MAREGAREGE et NIYONKURU étaient les Parrains issus de la tragédie de Ntega et Marangara. Mais il y eut aussi une curieuse opération de jumelage, une véritable première dans l’arène burundaise. Puisque, comme je l’avais écrit dans un article antérieur, j’ai vu une des personnes parmi celles qui auraient organisé cette attaque fréquenter les Colonels du Major Président et partager régulièrement un verre en bons amis. J’ai eu l’impression qu’ils se connaissaient bien et même trop bien. Le Burundi est un pays où rien n’est impossible. 
 
Ainsi cette attaque « spectaculaire » de Mabanda a aidé le Major Président à mettre de l’ordre ou plus de désordre dans les rangs du PALIPEHUTU. Il a même pu s’approprier un morceau du PALIPEHUTU et préparer tranquillement le Congrès Elargi de décembre 1990. Mais comme nous parlions surtout de fonds de commerce vous pouvez vous imaginer les sous que la Sûreté a utilisé pour ces opérations de second semestre 1990. Il paraîtrait qu’y disparurent plus de 120 millions de FBU en monnaie nationale et en dollars. Pour dire vrai personne ne saura jamais exactement combien. Mais les intéressés savent exactement, chacun de son côté, combien ils se sont mis dans les poches. Et c’est à cette époque que certains ont commencé à accumuler villa sur villa au Burundi et à l’étranger. 
 
4. Novembre 1991. L’attaque qui arrangea les affaires du Major Président  
 
Durant l’années 1991, le Burundi du Major Président était le pays francophone que tous montraient du doigt. Même au Rwanda voisin en guerre il y avait le multipartisme même s’il coexistait mal avec la guerre meurtrière commencée le 1er octobre 1990. Au Zaïre voisin, la Conférence Nationale battait le plein même si elle s’était embourbée dans les marécages où l’avait aiguillé le Maréchal. Au Bénin, autre pays francophone devenu depuis lors un exemple, non seulement la Conférence Nationale était terminée et était un succès, mais aussi il venait d’y avoir les élections générales mettant fin au régime pseudo-marxiste du Général Mathieu KEREKOU, surnommé Le Caméléon. Surnom qu’il n’a pas volé puisqu’il a su céder dignement le pouvoir, se dissoudre dans l’anonymat et rappliquer au sommet du pouvoir non pas par un putsch comme notre Major Président mais par les urnes. 
 
Pour le moins que l’on puisse dire la situation du Major Président était inconfortable. Il s’arrachait les cheveux pour trouver comment se tirer d’affaires. A la rencontre de Stuttgart on lui avait demandé de démocratiser et de laisser l’opposition s’exprimer dans un cadre multipartiste. Et voilà que « dans un grand élan d’ouverture » le Major Président accepte de rencontrer les leaders du PALIPEHUTU à Paris pour fin novembre 1991. Ouverture pour ouverture ou coup de dés de son Laboratoire ? Sur le champ les concernés n’y ont vu que du feu.  
 
Et comme par hasard, juste avant que n’ait lieu la rencontre entre le Major Président et le PALIPEHUTU, on apprenait qu’une attaque du PALIPEHUTU était lancée sur Bujumbura. Et bien entendu le Major Président s’est empressé de décommander la rencontre. Exactement comme s’il savait déjà, avant toute enquête, que c’était ceux avec qui il devait discuter qui étaient responsables de cette attaque. Une fois de plus quelque chose ne tournait pas rond. Ceux qui s’étaient engagés à venir rencontrer le Major Président n’avaient aucun intérêt à lancer des attaques qui ne pouvaient que juste les discréditer. Le Major Président et son Laboratoire savaient mieux que quiconque qu’ils n’y étaient pour rien. Mais ils ont réagi en faisant croire que c’était eux. Et la supercherie a marché. Parce que l’opinion burundaise est tellement fragile qu’un grand manipulateur peut lui faire avaler ce qu’il veut. Et le Labo du Major Président est passé maître en la matière.  
 
Autre fait curieux. Les « combats » entre les assaillants sont partis du nord de la ville de Bujumbura pour s’installer au sud là où il y a une grande concentration de camps militaires. Comme si les « assaillants » avaient une puissance de feu leur permettant de défier ces camps où il y a tous les corps militaires : Paras, Commandos, Blindés et infanterie. Pour toute personne qui connaît les capacités militaires du PALIPEHUTU de l’époque, il est clair que ces assaillants ne pouvaient même pas tenir une seule heure de combats contre l’armée dans les environs de Musaga.  
 
On a délibérément gonflé l’envergure de cette attaque faite sur commande. On a montré à la télévision quelques maquisards capturés. Lesquels ont disparu dans l’anonymat par la suite. On aurait aimé qu’ils comparaissent en Justice pour qu’ils disent dans un procès public qui les a envoyés, qui leur a fourni les armes et d’où ils sont partis. On les a fait discrètement fait disparaître au propre ou au figuré. Le Laboratoire commet lui aussi de temps en temps des erreurs pour qui sait les interpréter. Ceux qui ont suivi cette crise se souviendront que le Ministre de l’Intérieur d’alors, un certain...Libère BARARUNYERETSE, membre du Laboratoire a déclaré à peu près ceci sur les ondes : « Gardez le calme. La plupart des fusils que vous entendez tirer sont ceux de l’armée ». En réalité, à partir d’un certain moment il n’y avait que des tirs des militaires. Faisant feu sur on ne sait qui ?  
 
Une fois de plus posons la question de savoir à qui profite le crime. Avec cette attaque, le Major Président a pu tenir en respect d’abord l’opposition tutsi en brandissant, chaque fois que nécessaire, le péril PALIPEHUTU. Les Hutu de Musaga ont subi des rafles, des bastonnades et divers traitements de faveur. Ils durent baisser le ton dans leurs revendications. Pour revendiquer la démocratie il faut d’abord être en vie. On leur apprenait qu’ils étaient en sursis.  
 
Voulez-vous une raison qui fit que le centre d’intérêt fut le quartier de Musaga ? Ce ne sont pas les assaillants qui y ont déplacé les attaques. Mais on y a tiré des coups de feu parce qu’il y avait des activités à y décourager. Le quartier hébergeait une grande partie des personnes les plus actives au sein du FRODEBU en construction. Dont beaucoup allaient, par ailleurs, devenir des personnalités politiques très importantes au sein du FRODEBU officialisé. Ce fut donc l’occasion pour donner un coup de pied dans la fourmilière en prétextant s’en prendre à des assaillants du PALIPEHUTU. Ce qui n’a pas manqué de réjouir l’un ou l’autre du PALIPEHUTU qui voyait déjà les nouveaux venus du FRODEBU leur ravir la vedette. N’oublions pas qu’avant la rencontre avortée entre le Major Président et les responsables du PALIPEHUTU, il s’était tenu à Bruxelles une conférence de presse du PALIPEHUTU animée par un certain...Prosper MPAWENAYO. Lui et quelques autres anciens du même PALIPEHUTU sont devenus des sous-traitants de l’Hexagone du Major Président. Ceci explique cela.  
 
5. Juin 1993 ou dernières moissons de sous grâce au PALIPEHUTU 
 
Les mois de janvier à juin 1993 ont permis à certains de se constituer une cagnotte pour le restant de leurs jours. Pendant que certains se lamentaient d’avoir perdu les élections, d’autres comptaient des liasses de billets de banque collectés à tour de bras. Aux premiers rangs il faut citer le patron de la Sûreté, ses proches ainsi que les grands caissiers de la campagne.  
 
Pour ceux qui ne le savaient pas la campagne du Major Président était pilotée par deux caisses. La caisse officielle de la campagne d’une part et la caisse de la Sûreté d’autre part. Tout Bujumbura a jasé sur la villa que s’est construit feu Fridolin HATUNGIMANA, Directeur de campagne du Major Président. Il paraîtrait qu’il l’a construite avec les reliquats de la campagne malheureuse du Major Président. Son assassinat en pleine rue fut un règlement de compte comme on n’en voit qu’au cinéma relatant les exploits de la maffia.  
 
La deuxième caisse de financement de cette campagne fut celle de la Sûreté. Certains représentants provinciaux de l’UPRONA sont même allés jusqu’à doubler les provinciaux attitrés de la Sûreté en recevant à la fois des fonds de la caisse de campagne et de la Sûreté. Ils descendaient à la Sûreté percevoir des enveloppes mais aussi le plein de carburant. J’espère que tout le monde sait que les bureaux de la Sûreté sont ouverts sept jours sur sept et 24 H/24. Celui qui ne me croit pas n’a qu’à aller y faire un tour vers minuit. Il y avait toujours, même la nuit un préposé de garde qui avait les noms de ceux qui devaient passer prendre les enveloppes et le plein de carburant. On pouvait même remplir le réservoir de la voiture et un fût à côté. Bien entendu tout le monde n’a pas bénéficié de ces largesses permettant de percevoir des fonds de campagne dans tous les sens.  
 
Le coup le plus cynique et le plus pervers a été porté juste après la victoire de NDADAYE. Le Colonel NIYONKURU, Administrateur Général de la Sûreté a réuni tous ses cadres, y compris les provinciaux. Il leur a dit presque textuellement ceci : « Le PALIPEHUTU se prépare à attaquer. Le mois de juin va être consacré à la lutte contre le PALIPEHUTU ». Il n’y avait pas plus d’attaque du PALIPEHUTU en vue que de la pluie sur la lune. Bien entendu il n’a pas parlé d’attaque du PALIPEHUTU pour le plaisir d’en parler mais pour d’autres raisons. Il a distribué des sous à tout le monde comme frais de renseignements afin qu’ils localisent les agitateurs de ce PALIPEHUTU. Et il a littéralement vidé les caisses de la Sûreté.  
 
En une fois il y a eu volatilisation d’une somme située entre 60 et 80 millions de FBU. Le résultat est que, sur un budget annuel de 550 millions pour l’année 1993, il en restait que 50 millions à l’investiture de NDADAYE. Soit 90% du budget flambé en la moitié de l’exercice budgétaire. Il paraîtrait que l’un ou l’autre s’est acheté une nouvelle villa à Kiriri après cela. L’UPRONA a perdu les élections mais eux ont emmené le pognon , le nerf de la guerre en utilisant le PALIPEHUTU comme fonds de commerce.  
 
Et on dira encore aux Tutsi que la Sûreté était là pour combattre le PALIPEHUTU. Un autre service du genre était la PAFE. Il s’y passait des choses que l’homme de la rue ignore jusqu’à ce jour. Au début la PAFE était dirigée par le Colonel Etienne SINDAYIHEBURA. On répandit partout dans Bujumbura qu’il couchait avec des visiteuses ou des agents de son service dans son bureau. Et ces bruits se mirent à courir au moment de le dégommer. Afin qu’il laisse la place à qui ? Au Major Symmaque KOBAKO, paraît-il parrain de mariage du Major Président. Que peut-on espérer comme avenir d’un pays géré par des personnes poussant l’immoralité et la perversion jusque là. Pourtant, au sein de l’Hexagone, il y a même des polygames presque officiels et personne n’y trouve rien d’anormal.  
 
En quoi est-ce que cette PAFE est juteuse pour qu’on s’y bouscule ? D’abord c’est un service stratégique pour le pouvoir puisqu’il contrôle les frontières. Et c’est la raison pour laquelle on le confiait exclusivement aux militaires. A l’époque où BAGAZA tentait de rentrer au Burundi par tous les moyens, déguisé notamment en... quoi encore ? A cette époque, le même SINDAYIHEBURA a donné instructions à tous les chefs de postes des frontières en précisant ceci : « Si vous voyez BAGAZA, tirez et renseignez ensuite ». C’est d’ailleurs à cette époque que les principaux postes des migrations ont été équipés de Kalachnikovs. Afin probablement de pouvoir viser de loin et descendre BAGAZA avant qu’il ne puisse leur filer entre les mains. Le Burundi est un véritable Far West. Et croyez-moi, ce ne sont pas les Cow Boys qui manquent. 
 
Du côté des patrons de cette PAFE, c’était une vache à lait. La « vente » pour compte propre des passeports était réservée aux petits Directeurs. Le Directeur Général de la PAFE s’occupait des titres de séjour des commerçants grecs, pakistanais et autres. A chaque renouvellement les intéressés devaient se présenter avec quelques millions faute de quoi le séjour était interdit et l’intéressé était sommé de quitter le territoire burundais. C’est comme ça que MANDEVU s’était enrichi. Les autres l’ont imité.  
 
Pour limiter les saignées les commerçants se regroupaient par affinités d’origine, emballaient une grande liasse de billets et partaient négocier la prolongation du titre de séjour collectivement. Ainsi, la vue de tant de millions offerts en une fois était plus convainquant que des sommes collectées par petits paquets. Vous comprenez pourquoi le Major Président ne pouvait y placer n’importe qui et surtout y maintenir n’importe qui pendant que son parrain de mariage poireautait et se tournait les pouces loin du grenier. Dois-je vous dire que à la PAFE comme à la Sûreté il y avait une Caisse Noire même si elle était moins bien alimentée ?  
 
Il a couru des bruits selon lesquels certains commerçants grecs notamment auraient financé le putsch du 21 octobre 1993. Ils n’ont jamais eu le choix. Quand les tenants de la couronne avaient besoin de millions ils rançonnaient ces hommes d’affaires étrangers dont certains n’avaient pas que d’honnêtes affaires. Et si, à la veille du 21 octobre 1993 on est allé leur demander de mettre la main à la poche il faut encore savoir s’ils avaient connaissance d’où irait l’argent. Et malheureusement ils ne semblent pas être les seuls ni même les plus importants parmi ceux qui décaissé avant ou après ce putsch. L’un des Hutu les plus appréciés par les hautes sphères hutu actuelles aurait , le 21 octobre 1993, demandé à son domestique d’aller lui acheter un casier de Primus pour fêter. Croyez-moi, on reparlera de lui parce que c’est un gaffeur professionnel.  
 
­6. Quelques millions ici et là 
 
Comme disait la chanson , tant qu’il y aura la Sûreté il y aura des sous à glaner sans que les passants viennent fourrer leur nez dedans. Dernièrement on a fit beaucoup de bruit à cause de 58000 dollars que la Sûreté a retiré de la BRB. Ce sont des broutilles. C’est certainement une manoeuvre de diversion de plus. Il faudrait aussi vérifier si concomitamment la Sûreté n’est pas allée assécher le marché libre des devises pendant qu’on hurlait pour quelques milliers de dollars. Le problème de la Sûreté n’est pas d’avoir des sous mais des devises. Et les 58 000 dollars peuvent avoir été tirés avec bruit exprès pour masquer de plus rondelettes opérations. Les jours qui viennent nécessiteront beaucoup de moyens pour convaincre ici et là les indécis. N’oubliez pas que le Major Président applique le constat qu’avait fait son prédécesseur BAGAZA : « Les Barundi craignent le pouvoir et aiment l’argent ».  
 
 
 

  
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